Van : Quelques minutes avant le départ.
Le colis récupéré, c’est sous la neige que l’on a quitté Van jeudi dernier. Après douze jours passés dans cette ville, dont six avec Iskender, Sinan, Mugdat et Kadir, nous avions nos habitudes, que ce soit au kebab, au thé, avec leurs amis, famille ou collègues de travail, tous nous connaissaient. Les adieux n’ont pas étaient faciles, d’autant plus qu’ils étaient dépités à l’idée de nous laisser partir dans ces conditions.
Pour une semaine qui s’annoncée ennuyeuse, elle restera l’une des plus marquantes du voyage. Une rencontre proche du surréalisme. Croisé au kebab quelques minutes, ils nous ont accueilli chez eux comme leurs propres frères et plusieurs fois ils nous ont invités à stopper le voyage pour rester vivre à Van avec eux !
C’est bien une photo couleur !
Quelques jours nous serons nécessaires pour retrouver notre rythme de croisière. Et, la tête ailleurs, c’est avec indifférence que l’on a affronté le mauvais temps. Car l’hiver a fait son apparition ici - aussi rapidement que l’automne avait fait la sienne à Ankara - alors que l’on portait encore des T-Shirt en milieu de journée en début de semaine, on a maintenant continuellement la polaire sur le dos, fréquemment couplé au coupe-vent. Mais par chance la neige n’aura duré qu’un jour, de quoi nous couvrir le vélo de boue sur les premiers kilomètres de piste ! Après quoi le soleil a refait son apparition, la chaleur quand a elle semble s’être retiré définitivement.


Les paysages qui nous accompagnent pour nos derniers kilomètres en Turquie sont magnifiques, la route est calme, serpente le long d’une rivière entre les montagnes et la prairie est couverte de moutons. Seuls les chiens de berger viennent troubler le calme ambiant ainsi que le passage de la frontière Iranienne ! Côté Turc, la machine qui vérifie les passeports ne fonctionne plus, le douanier est au téléphone avec ses collègues de Van et est obligé de leur fournir tous les numéros de passeport pour les valider. C’est l’attroupement au guichet, les gens s’excitent, le douanier essaye tant bien que mal de garder son calme… Il faudra pas moins de 2h30 pour passer de l’autre côté, nous qui avions prévu d’arriver en début d’après-midi et de nous éloigner de la frontière pour camper, on s’est retrouvé, pris de court par la nuit, à planter la tente à 5 km de celle-ci, à quelques pas des militaires ! Côté Iranien par contre, il n’y a pas eu le moindre souci : habituelle vérification des passeports, « welcome in Iran » avec le sourire, ni question, ni fouille, c’est passé tout seul (J’allais m’emporter en disant « comme une lettre à la poste », mais après les complications que l’on a eu à Van pour récupérer le colis on va éviter !)

Les premiers kilomètres en Iran sont des plus agréables, la route non goudronné, la circulation quasi nul et le calme parfait nous donne l’impression d’être au cœur de la nature loin de tout. Malheureusement ça ne durera qu’une matinée, passé Khoy on a retrouvé le bitume, la circulation et le bruit, et même si les montagnes sont toujours présentent, c’est bien moins intense. C’est néanmoins l’occasion d’entrer en contact avec la population Iranienne pour la première fois. Nos arrêts provoquent toujours l’attroupement, mais les gens semblent plus discret, alors qu’en Turquie ils s’entêtés à nous parler en Turc, ici ils n’insistent pas et se contente de sourires. Mise à part quelques spécimens qui ne prennent même pas la peine de lever la tête lorsque l’on demande un renseignement, la plupart sont prêt à tout pour nous aider et nous propose même leur aide d’eux même.
Ça tombe bien, car c’est à un problème de taille que l’on est confronté en arrivant en Iran, IL ET IMPOSSIBLE D’UTILISER UNE CARTE BANCAIRE FRANCAISE et nous n’avons que quelques euros de côté qui nous permettrons de tenir quelques jours seulement. Deux ans que l’on prépare ce voyage et l’on est passé à côté d’une information capitale, les guignols ! A Khoy, à Marrand, toutes les banques nous renvoient chez le voisin. Un banquier ira même jusqu’à insister pour nous avancer 200 €, nous proposant de lui rembourser à l’occasion par virement ; confiant de trouver une banque acceptant une MasterCard ou Visa dans une ville plus conséquente comme Tabriz, nous avons refusé et heureusement car nous apprendrons plus tard qu’il est aussi impossible de faire un virement sur un compte Iranien pour un étranger.
Geoffrey et Elodie.
Dimanche en fin d’après-midi, en arrivant à Tabriz, nous rencontrons Geoffrey et Elodie, un couple franco-belge en route pour un an en tandem, avec qui nous étions en contact par mail deux semaines plus tôt (S’apercevant via couchsurfing que l’on suivait le même itinéraire à quelques jours d’intervalle, ils nous avaient contactés et le hasard du colis en retard à bien fait les choses puisque nous avons fini par nous croiser). Ils nous confirmerons que partout en Iran il est impossible d’utiliser une carte étrangère et le son de cloche est le même du côté de l’office du tourisme. Mais ce soir-là nos amis belges sont en nombre, un deuxième couple, Thibault et Judith, se trouve au sein de l’office du tourisme et se propose d’emblée, alors que l’on ne se connaissait que depuis 30 secondes, de nous avancer 100 euros que l’on remboursera par la suite par virement. Geoffrey et Elodie ferons de même, ce qui nous assure d’arriver jusqu’à Téhéran où… nous n’avons toujours pas la moindre idée de ce que nous ferons. Mais jusqu’à présent toutes les situations désespérées dans lesquelles nous nous sommes trouvées se sont toujours arrangées le plus simplement du monde, comme par le saint esprit, alors nous restons confiants en notre chance monumentale. Sur les conseils de Nasser à l’office du tourisme, nous tenterons d’appeler le lendemain l’ambassade de France à Téhéran. Dans la minute suivant l’appel on recevait un mail contenant le RIB de leur compte en France, ainsi qu’un formulaire à remplir, le tout à renvoyer avec la preuve du virement. L’argent est mis à disposition à Téhéran, l’affaire est dans le sac !
C’est avec tristesse que l’on apprendra ce même soir que Van a été frappé par un tremblement de terre. Aux dernières nouvelles, tout le monde s’en est sorti indemne, mais pour certains les casses matériels sont si importante qu’ils ont dû trouver refuge dans une tente en attendant que la situation se rétablisse. Et nous pouvons en témoigner, vivre dehors en ce moment dans cette région est très difficile. Toute la semaine le temps était à la grisaille avec de la pluie, de la neige, du vent, les nuits sont glaciales, et excepté les routes, tout n’est que bourbier. La différence, c’est que pour nous, être là est un choix, nous nous sommes préparé en conséquence et qu’à l’effort physique ne s’additionne pas une souffrance morale. Autrement dit, même si la semaine ne fut pas des plus marrantes, l’humeur n’était pas à se plaindre.
Surtout que l’on a une fois de plus pu compter sur l’hospitalité des locaux. Mercredi, une voiture nous rattrape à Miyaneh, la personne s’arrête et nous propose son aide, ou nous l’impose je devrais dire, puisqu’il ne nous a pas vraiment laissé le choix. Il s’est rendu à la superette 100 m plus loin nous acheter 2 pots de nutella et le patron de celle-ci en a profité pour nous offrir les paquets de gâteaux. Il nous a ensuite invité à le suivre en voiture jusqu’à son entreprise, et après visite de celle-ci, nous a amener au resto. Si l’on nous avait dit le matin au levé que l’on finirait dans une entreprise de polystyrène, on ne l’aurait certainement pas crut !
Samedi dernier, après 100 km sous la neige et la pluie, on est arrivé à Buinzahra détrempé et congelé. Un jeune à la superette du coin nous a interpellés, ne voulant pas manquer une occasion de dormir au chaud, on s’est arrêté dans la foulée et quelques minutes plus tard un de ses amis faisait son apparition et nous invitait à venir boire le thé chez lui. La soirée s’est poursuivie dans un bar sympa de Qazvhin, 50 km au nord, en compagnie de son frère et de Mahdi, qui parlait parfaitement français. Au retour à Buinzahara, la maman avait bien sûr préparé le repas, il y a avait du monde à la maison, le tout dans la joie et la bonne humeur.
On est reparti le lendemain matin sec, direction Téhéran, où nous sommes arrivés hier en fin de matinée. Nous avons récupéré l’argent à l’ambassade comme convenu et nous nous sommes rendu chez Besad, notre contact couchsurfing. Une fois de plus, on est tombé à la bonne adresse : super sympa, il met à la disposition des voyageurs un appartement tout confort.
Dans l’espoir de retrouver soleil, chaleur et routes agréables, on mettra demain les voiles plein sud, avec en ligne de mire, Dubaï.
Bye.
Bertrand.
PS : Il nous est impossible de mettre le blog à jour depuis l’Iran. J’ai pour l’occasion envoyé l’article par mail à mon frère qui s’est occupé de le mettre en ligne, mais il est fort possible qu’il n’y ai plus de mise à jour durant les 2-3 prochaines semaines. Auquel cas, bonnes vacances, et rendez-vous à Dubaï ;-)